Un prologue déroutant nous fait entrer de plain-pied dans le second roman de Philippe Stierlin. Des notes de fumet de cigare cubain sont comparées à celles de Chanel N°5. Il sera ensuite question de whisky écossais et de la sensation de froid éprouvée sur une terrasse en haut des tours de La Défense. Voilà planté le décor du meurtre d’un grand dirigeant d’une multinationale de l’énergie – Dominique Aguila, cynique, avide de pouvoir et de dividendes.
Le crime est commis en quelques pages haletantes, avant que l’on soit propulsé dans un lycée de Besançon : flash-back sur une autre mort, que nous raconte un garçon qui n’aime pas l’injustice, au point de… On ne saura rien.
Le récit rebondit sur l’enquête d’un commissaire forcément solitaire, un ours épicurien. Faisant alterner lyrisme, drôlerie des années de jeunesse et style nerveux des pages consacrées au monde policier, l’auteur nous entraîne dans un tourbillon qui passe des descriptions paradisiaques des multiples îles où s’enfuit le héros aux réflexions politiques sur l’actualité du marxisme et le sens moral dans le crime.
La fin est inattendue et optimiste. Ça fait du bien.
Sylvia Zappi. Le Monde des Livres, 6 avril 2018
Les Morts sont sans défense, de Philippe Stierlin, Arcane 17, 300 p, 21€.